Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 12.djvu/721

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fiques ne servent que les intérêts matériels. C’est devant leur flambeau que se sont évanouis la plupart des préjugés sur lesquels les populations vivaient courbées ; c’est par les sciences que les préjugés sont tombés à jamais.

Eh, mon Dieu ! si l’astronomie que j’ai tant citée, dont peut-être vous me permettrez de parler par prédilection, n’avait pas fait d’immenses progrès, vous verriez dans trois mois toute la population de Paris, comme autrefois la population de Rome, s’en aller à la porte Catularia pour immoler un chien roux à la canicule, afin d’apaiser ses maléfices ; et, dans trois semaines, vous entendriez la population jeter des cris de toute la force de ses poumons pour faire revenir la Lune éclipsée de son évanouissement ; et, il y a deux ans, nous aurions vu notre population effrayée par le retour de la comète de Halley. N’ai-je pas même vu des personnes qui, malgré les progrès de la science, étaient fort préoccupées des effets que l’astre vagabond ne pouvait manquer de produire ? et cependant ces personnes (en France on ne trahit pas l’incognito par les paroles que je vais prononcer), et cependant ces personnes avaient affronté sans sourciller les boulets et la mitraille.

Je termine par une remarque qui touchera surtout les membres des commissions des finances ; je suis convaincu que, si les études scientifiques n’avaient pas été encouragées, si elles n’avaient pas fait les progrès qui seront l’éternel honneur du siècle dernier, vous verriez figurer encore sur votre budget déjà si chargé un astrologue parmi les fonctionnaires salariés.

Au surplus, qu’on réduise, si l’on veut, l’utilité des