Aller au contenu

Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

préau humide et sombre d’une prison ! Non, Messieurs, je viens de tracer le plan et l’aspect du jardin où Ampère, au milieu de janvier, dans la rue des Boulangers, rêvait déjà, j’ai presque dit voyait, de frais gazons, des arbres resplendissants de verdure, des bouquets de fleurs brillantes et embaumées, des touffes d’arbrisseaux au milieu desquelles on devait lire avec délices les longues lettres des amis lyonnais ; où le pont jeté sur la vallée formerait un pittoresque point de vue !

Pardonnez-moi, Messieurs, d’avoir anticipé sur l’ordre des temps ; de m’être empressé de recueillir dans la vie de notre confrère la seule circonstance, peut-être, où son imagination n’ait pas été pour lui une source de chagrins.

Ce n’est pas seulement aux émotions douces, grandioses, sublimes, dont la vue de certaines contrées et des pays de montagne saisit la plupart des hommes, qu’Ampère fut initié tard et subitement. C’est aussi tout à coup que le sens musical se développa chez lui.

Dans sa jeunesse, Ampère donna une très-sérieuse attention à l’acoustique. Il se complaisait à étudier la manière dont les ondulations aériennes naissent et se propagent ; les formes diverses que prend une corde en vibration ; les curieux changements périodiques d’intensité qu’on a désignés sous le nom de battements, etc., etc. Quant à la musique proprement dite, c’était pour lui lettre close.

Le jour vint, cependant, où certaines combinaisons de notes devaient être pour Ampère autre chose que le sujet d’un problème mathématique ; autre chose aussi que le tintement monotone des cloches.