Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/710

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testablement à Poisson. Il s’agissait (de pareilles questions conservent toute leur grandeur, même sur le bord d’une tombe), il s’agissait de savoir si notre système solaire présente des conditions réelles de stabilité, de durée. Newton croyait à la nécessité d’une main réparatrice qui, de temps à autre, allait arrêter le désordre et le circonscrivait dans d’étroites limites. Laplace reconnut, lui, le premier, que, par la nature même des forces, l’élément principal de chaque orbite, le grand axe est invariable ; que, dès lors, ni les grosses ni les petites planètes, ni le colossal Jupiter, ni notre terre aux dimensions si modestes, n’iront s’abîmer dans la matière enflammée du soleil. La même conséquence surgit, avec une évidence nouvelle, de l’analyse plus élégante, plus complète de Lagrange. Poisson, enfin, franchit les limites d’approximation au delà desquelles ses deux illustres prédécesseurs n’avaient pas cru les calculs exécutables. Il ajouta ainsi de nouveaux millions d’années à l’immense durée que les précédents travaux de Laplace, de Lagrange, avaient déjà assignée à notre monde solaire.

S’il en était besoin, le magnifique Mémoire sur l’invariabilité des grands axes, prouverait que Poisson avait un intérêt personnel à porter ses regards, ses pensées, sur des siècles si éloignés.

Je m’arrête, quoique j’aie à peine effleuré le texte riche, brillant, varié, que les travaux de Poisson offriront à ses biographes. Le célèbre géomètre anglais Cotes, n’était encore connu quand il mourut fort jeune, que par la découverte d’un seul théorème d’analyse. En apprenant cette perte prématurée, Newton s’écria : « Si Cotes eût