Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/287

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à rien de satisfaisant, à rien de plausible ni sur la nature des taches, ni sur la région du ciel qu’elles occupaient, ni sur les conséquences auxquelles leurs déplacements pouvaient conduire, lorsque la nouvelle arriva à Venise que ces recherches étaient suivies ailleurs avec assiduité et succès. À ce moment, le savant illustre vit avec déplaisir qu’il était prévenu. Par une disposition d’esprit dont on pourrait citer plus d’un exemple éclatant, les admirateurs de Galilée, et peut-être Galilée lui-même, arrivèrent à considérer comme coupables de mauvais procédés, comme de vrais plagiaires, des astronomes qui, en suivant leurs propres inspirations, réalisaient des idées que les observateurs d’au delà des monts avaient sans doute conçues dans le silence du cabinet, mais sans leur prêter la sanction de l’expérience, sans même les soumettre à la discussion d’un cercle d’amis. De là, à considérer comme un titre valable aux yeux du public, la date d’une pensée intime et sans notoriété aucune, il n’y avait qu’un pas, et ce pas fut fait. Ceux qui remarqueront dans la première lettre de Galilée à Velser en date du 4 mai 1612, ces paroles significatives au sujet des taches solaires : « Non ardisco quasi di aprir bocca per affermar cosa nessuna, » se rangeront certainement à mon avis.

Avant de terminer cette longue discussion, je dois faire remarquer qu’en consentant à prendre pour point de départ historique des documents inédits, Galilée aurait, quant à la découverte des taches solaires, un compétiteur dont les titres seraient encore plus anciens que ceux de Scheiner et peut-être que ceux de Fabricius. M. de Zach dit, en effet, avoir vu en Angleterre, dans des manuscrits