Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/500

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Manche, faisait ses belles observations, il n’existait en France aucun moyen de les suivre, de les développer ; nous n’avions même pas de moyen de les vérifier. Heureusement pour l’honneur scientifique de notre pays, l’analyse mathématique est aussi un instrument puissant. Laplace le prouva si bien, dans une occasion solennelle, que du fond de son cabinet il prévit, il annonça minutieusement ce qu’allait apercevoir l’habile astronome de Windsor en se servant des plus grands télescopes qui soient jamais sortis de la main des hommes.

Lorsque Galilée, au commencement de 1610, dirigea sur Saturne une très-faible lunette exécutée récemment de ses mains, il vit que cette planète n’était pas un globe ordinaire, sans pouvoir cependant se rendre un compte exact de la forme réelle. L’expression tri-corps, par laquelle l’illustre physicien de Florence résuma ses réflexions, impliquait même une idée complétement erronée. Notre compatriote Roberval fut beaucoup mieux inspiré ; mais, faute d’avoir donné une comparaison détaillée de son hypothèse et des observations, il abandonna à Huygens l’honneur d’être considéré comme l’auteur de la vraie théorie des phénomènes que présente l’admirable planète.

Tout le monde sait aujourd’hui que Saturne se compose d’un globe 900 fois plus grand que la Terre, et d’un anneau. Cet anneau ne touche le globe intérieur en aucun point ; il en est partout éloigné de 32,000 kilomètres (8,000 lieues). Les observations portent la largeur de l’anneau à 118,000 kilomètres (12,000 lieues). L’épaisseur n’est certainement pas de 400 kilomètres (100 lieues).