se tirer d’une position délicate à l’aide de l’exécrable maxime :
Aucun accommodement n’était possible avec Molière. Le philosophe avait peint d’après nature ; il n’aurait jamais consenti à affadir ses couleurs, à gazer son tableau. Le chef-d’œuvre ira à la postérité tel que l’auteur l’avait composé.
Molière a-t-il donc arraché à tout jamais les germes de la plus odieuse des hypocrisies ?
Non, Messieurs, il n’a été donné à personne, pas même à Molière, de changer la nature humaine.
Ce que Molière a fait avec un talent sans pareil, c’est de mettre sous les yeux du monde entier le vrai signalement de l’imposteur qui se couvre du masque de la religion. Depuis ce jour, les hypocrites de cette pire espèce se cachent ; ils sont réduits à des manœuvres ténébreuses. Qui pourrait soutenir, ô Molière, que ton génie, que ta vertueuse persévérance ont été sans résultat, lorsque, modifiant un vers contemporain, je puis m’écrier avec l’assentiment de tous :
Partout où pénétraient leurs armées victorieuses, les anciens élevaient des monuments destinés à transmettre aux générations futures le souvenir de belles actions et de grands noms. De notre temps, les hommes ont trop de lumières pour mettre les conflits sanglants de la guerre au premier rang : le premier rang appartient au triomphe