Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 4.djvu/94

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solution, ont peu excité l’attention des observateurs ; leurs registres n’en font jamais mention. Au surplus mes citations, en quelque lieu que je doive les prendre, ne pourront guère laisser de doute sur la généralité du phénomène.

À la date d’octobre 1751, Thibault de Chanvalon écrivait, à la Martinique, dans son registre d’observations météorologiques : « De huit jours qu’il a tonné dans ce mois, il y en a eu deux sans éclairs. » En novembre, je lis : « Tonnerre un seul jour ; trois coups un peu forts, mais sans éclairs. »

Le 19 mars 1768, près de Cosséir, sur la mer Rouge, un violent coup de tonnerre jeta l’épouvante parmi les matelots de la petite barque sur laquelle le voyageur James Bruce s’était embarqué. Ce coup de tonnerre n’avait été précédé d’aucun éclair.

CHAPITRE XIV.
y a-t-il jamais, par un temps couvert, des éclairs sans tonnerre ?

Cette question doit être résolue affirmativement. Au besoin, je pourrais m’appuyer d’un témoignage bien ancien : de celui de Lucrèce. Dans le sixième livre du célèbre poëme sur la nature des choses, chacun peut lire (vers 216 et 217) que d’innocents éclairs s’échappent en silence de certains nuages, et qu’ils ne causent ni trouble ni terreur.

Les éclairs sans tonnerre, par un temps couvert, paraissent être communs aux Antilles. Thibault de Chanva-