Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 5.djvu/657

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frégates n’a pas soufflé mot ; aussi est-il parti sans emmener d’ingénieurs hydrographes : l’avenir montrera les conséquences de cette négligence. L’autre est venu me consulter ; il demandait un programme. Je parlai aussitôt de l’Académie des sciences « Ah ! gardez-vous bien de la consulter, repartit-il, vous me feriez peut-être enlever mon commandement. »

L’antipathie dont je vous ai déjà si longuement entretenus se fait jour à l’occasion de tous les genres de travaux. En voici un nouvel exemple.

Vous savez qu’il arrive rarement qu’on puisse alimenter les chaudières à vapeur avec de l’eau pure ; l’eau alimentaire est ordinairement séléniteuse elle renferme du sulfate et du carbonate de chaux. L’eau pure s’évapore seule ; les sels se précipitent, s’attachent à la chaudière, et forment intérieurement une enveloppe pierreuse, épaisse[1]. Ce que je viens de dire est plus vrai encore quand on se sert de l’eau de mer. En très-peu de temps c’est dans une chaudière de pierre que se fait l’évaporation, et cela avec une énorme perte de calorique ; à chaque relâche, il faut y introduire un ouvrier qui, à grands coups de marteau, détache la croûte pierreuse. C’est une opération chère, pénible, et qui détruit bientôt la chaudière.

Je viens de parler de la déperdition du calorique ; il y a un inconvénient plus grave encore. Quand la chaudière est revêtue d’une enveloppe pierreuse, elle rougit extérieurement ; dans cet état, supposons qu’il se fasse une

  1. Voir sur cette question la Notice sur les explosions des machines à vapeur, p. 173 de ce volume.