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MACHINES À VAPEUR.

struit un bateau à vapeur (un ouvrage de M. Ducrest, imprimé en 1777, renferme la discussion des expériences auxquelles cet ingénieur avait assisté ; leur date est ainsi constatée authentiquement) ;

Que des essais sur une plus grande échelle furent faits en 1778, à Baume-les-Dames, par M. le marquis de Jouffroy ;


    comme un ancien philosophe grec, d'en appeler de Philippe à Philippe mieux informé. Si je dois aborder ensulte la seconde objection, J'écarteral aisément l'autorité de l'Académie des sciences, en faisant remarquer que sa règle constante est de ne se prononcer que sur les conclusions des rapports qu'on lui présente. Les développements plus ou moins étendus qui ont accompagné ces conclusions, ne donnent lieu, de sa part, à aucune délibération : le rapporteur en est seul responsable. Or, le rapport très-détaillé concernant les bateaux a vapeur dont l'Académie entendit la lecture le 27 janvier 1823, se termine par des conclusions dans lesquelles je ne vois pas un seul mot qui ait trait aux inventeurs des machines à feu, L'Aca- démio n'a donc rion décidé qu'on puisse m'opposer. Quant au texte même du rapport, j'y trouve, il est vrai, que les Anglais ont les premiers employé la force de la vapeur pour élever les eaux ; que Worcester est l'inventeur dont Savery développa les idées; que c'est Jonathan Hull qui a songé à faire marcher les navires à l'aide de la machine à feu; mais comme je n'y vois ni le nom de Salomon de Caus ni celui de Papin, quoique, bien ou mal, ils se fussent occupés de ces mêmes questions avant les mécaniciens anglais, j'aurais le droit de reproduire ici les réflexions que l'article de la Biographie universelle m'avait tout à l'heure suggérés, Au reste, des autorités, quelque respectables qu'elles puissent ôtre, n'ont ici aucune impor- tance, La question se réduit à savoir si les ouvrages dont je me suis étayé ont bien la date que je leur assigne et si mes extraits sont fidèles. Toutes les académies du monde auraient décidé, d'un com- mun accord, que Worcester a imaginé le premier de pousser l'eau par la force élastique de la vapeur, qu'il n'en resterait pas moins établi que l'idée appartient à Salomon de Caus, car 4615 a précédé 1663, Tant qu'on n'aura pas prouvé de mème que l'année 4695 a suivi 1736, Papin, malgré l'autorité de tous les rapports présents, passés et futurs, aura le mérite d'avoir proposé les bateaux à vapeur 42 ans avant Jonathan Hull, son compétiteur.