Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 6.djvu/111

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La confiance que j’avais dans l’enceinte, la défiance que les forts détachés m’inspiraient, n’étaient pas, chez moi, l’effet de ces appréciations instinctives auxquelles il serait dangereux de trop s’abandonner, et qui, néanmoins, dans bien des circonstances, nous signalent à merveille le droit chemin. J’avais appris à connaître le mode de fortification le plus propre à préserver la capitale des attaques de l’Europe coalisée, dans de très-sérieux entretiens avec mes amis les généraux du génie Treussart, Valazé et Haxo.

Les citadelles dont on a entouré la capitale joueront tôt ou tard un double rôle, l’un militaire, l’autre politique ce qui est dans la nature des choses ne saurait manquer d’arriver. L’importance du rôle militaire a été considérablement exagérée. Sous l’influence de quelques assertions tranchantes, un grand nombre de très-bons citoyens, exclusivement dominés par le sentiment de la nationalité, ont consenti à ne pas porter leur attention sur les considérations politiques. Il faut donc examiner si les petites citadelles rendraient, en cas d’invasion et de siége, les grands services qu’on a l’air d’en attendre.

Le but de la fortification de Paris est très-facile à caractériser : il faut que cette ville puisse se défendre, « à l’aide de sa seule garde nationale, de ses ouvriers, des populations des environs et de quelques détachements de troupes de ligne. » Si la fortification de Paris est bien conçue, la troupe de ligne exécutera au loin, en rase campagne, les manœuvres hardies que le patriotisme, l’expérience, le courage lui suggéreront, sans craindre