Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 6.djvu/138

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE XVIII

les fortifications ne sont pas seulement nécessaires a paris

Je me suis expliqué avec une entière franchise relativement aux forts détachés, mais j’ai dit aussi pour quelles raisons puissantes je suis partisan d’une enceinte continue autour de la capitale. Dans mon esprit des fortifications sont nécessaires, mais je ne les veux pas seulement ou surtout autour de Paris. J’ai toujours blâmé la création d’un grand nombre d’usines, d’ateliers, d’établissements militaires près de Paris, précisément en dehors de l’enceinte continue.

La guerre venant à éclater, n’est-il pas déplorable que notre pays, sans frontières militaires vers l’est, ait jeté et jette encore millions sur millions autour de Vincennes et ne s’occupe d’aucune des villes dont la campagne de 1814 révéla si nettement, et quelquefois si cruellement, l’importance stratégique. J’ai vu abattre les arbres magnifiques du bois séculaire pour qu’on pût élever des remparts qui ne joueront absolument aucun rôle en cas d’attaque de la capitale. Pendant ce temps, on néglige de relever Huningue, ou du moins de remplacer ses bastions démantelées par des bastions qui, sur un autre point de la frontière, auraient la même importance, car il paraît que le gouvernement de la France se croit encore lié par un article secret et honteux des derniers traités de paix. Le plus humble promeneur reste confondu en présence des immenses et inutiles travaux