Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 6.djvu/94

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toutes les bornes-fontaines de la capitale. Je dois rappeler, d’ailleurs, qu’il y a 32 barrières, 32 portes d’octroi de Paris dont le sol est plus élevé de 1 de 2, de 3, et même de 16 mètres que le niveau du bassin de la Villette, que le niveau du réservoir où se déversent les eaux de l’Ourcq. Les fortifications se trouvent au-dessus du même niveau, dans une partie considérable de leur développement. Ce n’est donc pas sur l’Ourcq. qu’on pourrait compter pour inonder les fossés de l’enceinte. Aussi, est-ce de la Seine que je propose de tirer toute l’eau nécessaire à cette opération. Voici de quelle manière.

On se rappelle le barrage à l’aide duquel nous produisions à volonté tout à l’heure l’intumescence de la Seine en amont de Paris. À côté de l’écluse établie en face de la Monnaie, existerait une digue longitudinale dirigée sur le milieu du terre-plein du Pont-Neuf. La totalité de l’eau de la Seine en temps d’étiage, une très-grande quantité de cette eau pendant les crues, passerait par des brèches de la digue déversoir. En tombant ainsi du bras gauche dans le bras droit, l’eau réaliserait, au pied septentrional de la digue, une force qui, tout compte fait quant au volume du liquide et à la hauteur de la chute, varierait dans l’année entre 4, 000 et 6, 000 chevaux. Nous voilà, à peu de frais, en possession toute l’année d’une force moyenne de 5, 000 chevaux. Qu’on veuille bien le remarquer, ces 5, 000 chevaux travailleraient, non pas huit heures comme les chevaux vivants, mais vingt-quatre heures par jour ; ces 5, 000 chevaux n’exigeraient aucun entretien, ne veilliraient pas, et ne seraient jamais hors de service.