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ASTRONOMIE POPULAIRE.

comparaison, nous sommes réduits à attaquer le problème par les voies directes. Cependant, j’ai tout lieu d’espérer que la solution n’en paraîtra guère moins évidente.

Les phénomènes que doit amener l’existence de divers centres d’attraction répandus sur toute l’étendue d’une seule et vaste nébuleuse, se développeront dans cet ordre :

Çà et là, la disparition de la lueur phosphorescente ; la naissance de solutions de continuité, de déchirures dans le rideau lumineux primitif, résultat nécessaire du mouvement de la matière vers les centres attractifs ;

L’agrandissement des déchirures, c’est-à-dire la transformation d’une nébuleuse unique en plusieurs nébuleuses distinctes, peu distantes les unes des autres et liées quelquefois par des filets de nébulosité très-déliés ;

L’arrondissement du contour extérieur des nébuleuses séparées ; une augmentation plus ou moins rapide de leur intensité en allant de la circonférence au centre ;

La formation à ce centre d’un noyau très-apparent, soit par les dimensions, soit par l’éclat ;

Le passage de chaque noyau à l’état stellaire avec la persistance d’une légère nébulosité environnante ;

Enfin, la précipitation de cette dernière nébulosité, et, pour résultat définitif, autant d’étoiles qu’il y avait, dans la nébuleuse originaire, de centres d’attraction distincts.

En combien de temps une seule et même nébuleuse pourrait-elle subir toute cette série de transformations ? On l’ignore absolument. Ici, il faudrait peut-être des millions d’années ; là, avec d’autres conditions d’étendue, de densité et de constitution physique de la matière