Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 4.djvu/491

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

on pourrait regarder ce qui précède comme donnant le secret de leur formation. Mais l’anneau de Saturne n’a pas été sans raison appelé un anneau. Il a une largeur considérable, tandis que son épaisseur est extrêmement petite. On doit le considérer presque comme un plan. Pour qu’un faisceau de filets moléculaires rectilignes, en se courbant autour d’une planète, engendrât la figure de l’anneau de Saturne, il serait nécessaire que, primitivement, le faisceau fût plan lui-même ; or les filets dont une queue de comète se compose dessinent dans l’espace un cylindre ou un cône. Jamais on n’en a vu qui formassent une couche plane presque sans épaisseur. Il est donc établi que, si l’on considère les éléments d’une queue comme détachés et tout à fait indépendants les uns des autres, ils ne pourront pas, en changeant de route auprès d’une planète, s’y disposer en forme d’anneau.

Mais, dira-t-on, pourquoi ne pas considérer la queue d’une comète comme un fluide élastique analogue à notre atmosphère, analogue à tant de substances gazeuses dont la chimie moderne s’est enrichie ? Je réponds que rien jusqu’ici ne justifierait cette assimilation. Soit que l’on compare l’extérieur à l’intérieur d’une queue, soit qu’après avoir étudié sa base on porte ensuite ses regards vers l’autre extrémité, aucun phénomène n’y dévoile ces compressions graduellement croissantes, qui sont le trait distinctif des fluides élastiques. Admettons au surplus, pour un moment, que la longue traînée cométaire soit douée d’élasticité, et qu’elle vienne former autour de quelque planète une vaste atmosphère, elle s’aplatira dans le sens de son axe de rotation ; elle prendra beau-