Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 4.djvu/492

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coup d’extension sur toute l’étendue de l’équateur. Il y a encore loin de là à cet anneau de Saturne, dont l’épaisseur est presque insensible, et qui, dans tous ses points, est séparé du corps de la planète par un intervalle de plus de 9 000 lieues. Voudra-t-on former l’anneau aux dépens de matières qui se déposeraient aux limites extérieures de l’atmosphère tournante ? La supposition sera admissible ; mais qu’aura-t-on gagné à faire intervenir une comète ? Ces précipitations, ces agglomérations de matières opaques, ne pouvaient-elles pas se former tout aussi bien dans l’atmosphère primitive de la planète ?

Maupertuis est, je l’ai dit plus haut, le premier qui ait considéré l’anneau de Saturne comme une queue de comète qui s’enroula autour du centre de la planète par l’effet de la puissante attraction de celle-ci. Quand son mémoire parut dans les Transactions philosophiques de Londres, on savait déjà que l’anneau n’était pas simple, qu’il se composait de deux anneaux distincts, faiblement séparés ; que leur lumière, et principalement celle de l’anneau intérieur, surpassait en intensité la lumière du disque ; qu’ainsi, suivant toute probabilité, la matière des anneaux était plus dense que celle de la planète, etc., etc. ; mais il laissa ces circonstances à l’écart, il n’en fit pas même mention. Pour lui, le mystère se réduisit à expliquer comment une auréole lumineuse enveloppe Saturne de toute part. Une théorie aussi vague méritait à peine quelque attention il y a un siècle. Aussi n’en ai-je présenté la critique qu’à cause de l’obligation que je me suis imposée de faire un catalogue complet des prétendues interventions cométaires dans les phénomènes du monde matériel.