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souvenirs d’un aveugle.

— Il m’est arrivé des coups, selon mon habitude.

— Qui te les a donnés ?

— Eux autres.

— Marchais en était sans doute ?

— Cette fois, non, il en a reçu encore plus que moi, le brave !

— À quelle occasion ?

— Est-ce que je le sais ? on va dans un cabaret, on boit, on n’a pas le sou pour payer, on sort en disant bonjour ou bonsoir, selon l’heure, on se pile, on se bûche, et voilà ! — Mais, gredins ! pourquoi ne payez-vous pas les dépenses que vous faites ?

— Et avec quoi ? Les Brésiliens sont des chiens, des ladres, des pirates ; ils veulent une autre monnaie que des coups de poing, et nous n’avions que celle-là à leur offrir, selon notre habitude.

— Alors on vous a rossés ?