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voyage autour du monde.

décorent leurs cabanes de ces horribles trophées, et celui qui en possède jusqu’à dix peut être élu chef de tribu.

La cruauté de ces sauvages, qui vivent encore dans les forêts, est telle qu’ils ne pardonnent ni au sexe ni à l’âge. Ils ont obligé une foule d’autres peuplades errantes à se mettre sous la protection des établissements portugais, qui ne les garantissent pas toujours des attaques de leurs adversaires. Le tatouage de leur figure est admirable.

Les Araras forment une tribu assez nombreuse, presque aussi redoutable que les Mundrucus, mais moins guerrière. Ils ont une arme appelée esgararatana, qui est une espèce de sarbacane faite de deux morceaux de bois creux collés avec de la cire, et fortement liés au moyen d’un fil tiré de l’écorce du bananier. Elle a quelquefois cinq pieds de longueur, et son embouchure, qui est parfaitement ronde, n’a que dix à douze lignes de diamètre. On souffle avec ce tube des flèches empoisonnées longues de plusieurs pouces et ayant à une des extrémités, en guise d’ailes, une petite boule de coton qui entre avec quelque effort. Quand les indigènes veulent atteindre un animal quelconque, ils trempent la pointe de la flèche dans une liqueur épaisse, composée de diverses plantes vénéneuses. On assure qu’une mort prompte suit la piqûre de ce dard, et