rature de l’atmosphère ; si le soleil a été ardent, si le travail a été rude, le passage est court, car on a hâte de s’emparer de toutes les sensations.
Mais une danseuse s’élance dans le cercle, seule d’abord, tournoyant et agitant les bras ; elle se courbe, se redresse, passe en revue cette légion de furies, sur laquelle elle semble lancer son frénétique délire. C’est à qui l’emportera sur ses rivaux, c’est à qui sera choisi par la reine. Le voilà ; il s’élance à son tour, il se pose victorieusement en face de sa danseuse, et les chants des autres acteurs deviennent des cris féroces ; on se bat les flancs, on se frappe la tête, on grince des dents, on écume ; vous diriez la rage d’une meute de loups tombant sur un troupeau de brebis sans défense. Eh bien ! non, c’est de la joie, de l’ivresse. La fête est à peine commencée ; deux noirs sont entrés en lice ; chacun des autres aura son tour, et ce que vous venez de voir, ce que vous venez d’entendre, c’est une idylle, c’est une bergerie de Racan ; il n’y a pas encore là de drame : le drame vient plus tard ; et ce peuple, je vous jure, n’est pas inhabile à prolonger ses instants de bonheur.
Ce n’est pas chose aisée que d’écrire pour tous, et j’éprouve ici un embarras d’autant plus pénible, que j’ai promis à mes lecteurs une histoire exacte et complète de la cachucha délicieuse qui, depuis trois ans à peu