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voyage autour du monde.

de M. Thilmann que la bonhomie et la sincérité des autres renseignements que nous devons à sa complaisance.

Au surplus, l’aspect d’un Malais vous frappe, vous impose, et sa physionomie sombre et féroce vous dit, avant que vous sachiez ses mœurs, tout ce qu’il y a de cruauté dans son âme vierge de toute passion généreuse.

Le Malais de Timor est jaune, petit, musculeux, fort ; sa chevelure est magnifique, et il la jette sur ses larges épaules de la façon la plus pittoresque. Ses yeux, un peu fendus à la chinoise, ont une expression satanique alors même que rien ne les occupe ; son front est large, ses sourcils très-fournis, son nez légèrement épaté ; quelques-uns l’ont aquilin et même à la Bourbon. Il a la bouche grande, les lèvres peu fortes : mais la hideuse habitude qu’il a contractée de fourrer entre la lèvre supérieure et la gencive une volumineuse pincée de tabac assaisonnée de bétel