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voyage autour du monde.

la pointe en l’air, et d’une saillie de dix pouces. Ces clous étaient distants l’un de l’autre d’un pied et demi.

À notre arrivée, l’Indou se dressa en faisant quelques grimaces assez grotesques, et demanda à M. Thilmann si nous étions curieux d’assister à ses exercices. M. Thilmann lui répondit en lui offrant un kohen-slimouth d’une grande finesse, et le jeune homme le remercia en mettant un genou à terre.

Cela fait, le sauteur s’approcha de moi, me pria de lui bander les yeux à l’aide d’un mouchoir, et le voilà tâtonnant d’abord, et glissant parmi les pointes de fer, prêt à commencer ses périlleuses gambades. Le terrain sondé, il se mit à bondir en poussant à l’air un grognement qu’il appelait une chanson, et en tombant toujours avec cadence au milieu des clous aigus qui, au moindre faux pas, au plus petit écart, l’auraient mutilé d’une façon cruelle.