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souvenirs d’un aveugle.

s’élèvent deux gradins de marbre ou de stuc, s’échappent, à dix pas de distance l’un de l’autre, deux perrons hauts de quatre pieds au moins, descendant symétriquement par échelons et venant se rejoindre, à l’aide d’une ellipse, à une trentaine de pas de la pierre principale et au niveau du sol. L’espace enfermé dans cette vaste courbe est admirablement pavé en dalles polies ou en mosaïques, et c’est dans cet enclos réservé que les Chinois, à genoux, viennent rendre un hommage de chaque jour à celui qui n’est plus. En arrière de la pierre tumulaire est un espace clos par un mur de stuc ou de maçonnerie, légèrement voûté, où repose le cadavre et autour duquel poussent des fleurs et des plantes odorantes. Çà et là des arbres soigneusement taillés portent sur leurs branches des vêtements, des porcelaines et des cabas en feuilles de latanier renfermant des offrandes faites à l’âme du mort. J’ai hâte d’ajouter que ces offrandes sont souvent renouvelées, au profit sans doute de quelque habile profanateur de ces lieux de repos consacrés au deuil et à la prière.