— Ah ! ah !
— Ces dorades sont délicieuses, je veux dire qu’elles étaient délicieuses.
— Ainsi tu n’as pas refusé ta ration ?
— Ni les arêtes.
— Je t’avais entendu pourtant promettre autre chose.
— Que voulez-vous ? la pitié ça fait du bien au cour ; mais la faim, c’est trop triste ; j’ai tapé dessus comme un dératé. Dieu me fera grâce, j’espère.
— Le crime n’est pas si grand qu’on ne puisse t’absoudre.
— Oui, mais l’arête est toujours là à la gorge, elle ne passe pas.
— J’ai encore dans ma caisse une demi-bouteille de Roussillon que tu peux venir chercher.
— J’étais sûr que vous me comprendriez. Cré nom d’un nom ! quelle tête que vous avez, vous !
J’oubliais encore. Et ces myriades de poissons-volants qui glissent entre deux eaux, plongent dans de rapides évolutions pour échapper à la dent meurtrière des voraces ennemis qui les entourent, qui montent, s’élancent à l’air, parcourant hors de l’eau un espace de plus de trois cents pas, retrempent à la lame écumeuse leurs nageoires desséchées, et reprennent leur vol après avoir dérouté le chasseur qui les poursuivait !
Et le nuage qui pointe à l’horizon s’arrondit, s’élève, varie ses formes fantastiques, monte encore, plane sur le navire, s’abaisse, court, s’efface et disparaît à l’horizon opposé !
Et l’élégant damier qui vient vous visiter, tout surpris, pousse un cri de joie et s’enfuit plus tard, effrayé de l’étrangeté de vos allures !
Et le stupide fou, qui se pose sur une vergue et se laisse abattre comme si la vie lui était un fardeau !
Et le goëland, suspendu immobile au haut des airs, perçant les eaux