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souvenirs d’un aveugle.

ombayen se met à l’abri des coups de ses adversaires est taillé comme les plus gracieux boucliers grecs et romains, et se passe au bras gauche de la même manière ; il était orné de débris de chevelures, de coquillages éclatants appelés porcelaine, de feuilles sèches de palmistes et de petits grelots dont le tintement anime peut-être les combattants. La cuirasse est un plastron également en peau de buffle, qui part des clavicules et descend jusqu’au bas-ventre ; une large courroie la retient sur les épaules et supporte aussi une cuirasse à peu près pareille, qui garantit le dos et le derrière de la tête. Je ne peux mieux comparer cette armure qu’aux chasubles de nos prêtres, mais un peu moins longue. Les coquillages et les ornements sont placés avec goût et forment des dessins bizarres, pleins d’élégance et d’originalité.


C’est chose admirable, en vérité, qu’un Ombayen revêtu de sa cuirasse, armé de son arc, la poitrine parée de ses flèches meurtrières, placées en éventail, et se préparant au combat. Leurs cheveux tombent flottants sur les épaules ; quelques-uns en ont une si prodigieuse quantité, que leur tête en devient monstrueuse ; mais la plupart