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notes scientifiques.

1820. Le Coquin, bâtiment français.
Le 25 (dans la rade de Naples)
1828. Le Roëbuck, cutter anglais.
… (à Portsmouth).
1832. Le Logan de New-York.
Le 19 (dans son passage de Savannah à Liverpool).

Quand on a parcouru de l’œil ce recensement, quand on se rappelle en même temps combien il y a d’orages en été, combien peu, comparativement, il s’en forme pendant l’hiver, il me semble difficile de ne pas reconnaître, qu’en mer du moins les tonnerres des mois chauds sont beaucoup moins dangereux que ceux des saisons froides et tempérées. Ce résultat me paraît déjà bien établi ; j’eusse désiré cependant appuyer sa démonstration sur une statistique plus complète, mais les documents m’ont manqué. J’ajouterai qu’il n’a pas dépendu de moi qu’un aussi petit nombre de navires français figurât dans mon recensement. Pour les Anglais, j’ai pu mettre à profit les citations contenues dans d’excellents mémoires de M. Harris, sur les paratonnerres.


NOTE 6.

Sur le Mirage.

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Les mémoires savants, hérissés d’algèbre, dont la science moderne est redevable à divers géomètres modernes, n’ont rien ôté de son mérite éminent à la dissertation que Monge inséra jadis dans la Décade égyptienne. La rareté de ce recueil me détermine à reproduire ici le travail du célèbre fondateur de l’école Polytechnique.

Pendant la marche de l’armée française dans le désert, depuis Alexandrie jusqu’au Caire, on a eu tous les jours occasion d’observer un phénomène extraordinaire pour la plupart des habitants de la France : ce phénomène exige, pour sa reproduction, que l’on soit dans une grande plaine à peu près de niveau ; que cette plaine se prolonge jusqu’aux limites de l’horizon, et que le terrain, par son exposition au soleil, puisse acquérir une température plus élevée. Il serait possible que ces trois circonstances se trouvassent réunies dans les Landes de Bordeaux ; car la plaine des Landes, comme celle de la Basse-Égypte, est à peu près horizontale ; elle n’est terminée par aucune montagne, du moins dans la direction de l’est à l’ouest ; et il est probable que, pendant les longs jours de nos étés, le terrain aride dont elle est formée acquiert une température suffisante. Ainsi, ce phénomène pourrait ne pas être ignoré des habitants du département des Landes ; mais il est très-connu des marins, qui l’observent fréquemment à la mer, et qui lui ont donné le nom de mirage.

À la vérité, la cause qui produit le mirage à la mer pourrait bien être différente de celle qui le produit à terre ; mais l’effet étant absolument le même dans les deux cas, je n’ai pas cru devoir employer un mot nouveau.