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souvenirs d’un aveugle.

grossiers, et pour unique assaisonnement, l’appétit qu’ils savent se donner par un continuel exercice.

En général, les voyageurs qui publient le résultat de leurs observations dans les pays lointains croient avoir rempli leur tâche dès qu’ils nous ont tout simplement signalé un fait. Par exemple, ils ont dit, et la chose est vraie, que les sauvages faisaient du feu en frottant un morceau de bois sec contre un morceau de bois vert. Et voilà tout. Eh bien ! cela ne m’apprenait presque rien, et je ne savais pas exactement comment on faisait du feu chez les sauvages. Voici leur procédé ; c’est par les détails seuls qu’on traduit fidèlement.

Un homme s’accroupit, tenant dans sa main deux morceaux de bois, l’un long de douze à quinze pouces, gros comme une baguette de tambour et terminé en cône peu aigu ; l’autre est un parallélogramme de la hauteur de cinq ou six pouces et de trois ou quatre de largeur, sur un des côtés duquel est pratiqué, vers le milieu, un petit trou profond de six