puisqu’il trouvait le prix fixé par le monarque beaucoup trop élevé. D’abord on nous en demanda quatre piastres, puis trois, puis deux, puis une ; enfin on nous l’abandonna gratis. Cette fille paraissait avoir déjà beaucoup souffert ; je la pris sous ma protection spéciale et je me hâtai de lui offrir quelques aliments sur lesquels elle se jeta avec voracité. En vain essayai-je d’obtenir d’elle des renseignements sur les circonstances qui l’avaient livrée aux Guébéens ; je ne pus m’en faire comprendre, et tout ce que je saisis de ses gestes, de ses regards, de ses soupirs, c’est qu’on la battait souvent, qu’elle était bien à plaindre, et qu’elle s’estimerait fort heureuse de nous suivre sur notre corvette.
Le vent soufflait avec violence ; l’infortunée, sans vêtement, grelottait et sanglotait à la fois. Je la conduisis sous une tente pour la dessiner, et je lui fis cadeau d’une chemise qu’elle accepta sans trop de joie, car elle prévoyait qu’on la lui reprendrait bientôt à bord des caracores. Pauvre enfant ! sa figure était douce, ses yeux pleins d’expression, sa bouche petite et boudeuse, son corps parfait, ses cheveux longs, lisses et d’un noir