Page:Arago - Souvenirs d’un aveugle, nouv. éd.1840, t.1.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxi
notes scientifiques.

problème nous semble complètement résolu, surtout si l’on choisit, pour observer, les moments où le navire se trouve à peu près dans sa position naturelle ; or, il est précisément ainsi au creux de la vague.

Reste maintenant à trouver le moyen de s’assurer que la ligne de visée aboutissant au sommet d’une crête est horizontale.

Les crêtes des deux vagues contiguës sont à la même hauteur, au-dessus du creux intermédiaire. Une ligne visuelle horizontale, partant de l’œil de l’observateur quand le navire est dans le creux, va, je suppose, raser la crête de la vague qui s’approche ; si l’on prolonge cette ligne du côté opposé, elle ira aussi toucher, seulement à son sommet, la crête de la vague déjà passée. Cette dernière condition est nécessaire, et elle suffit pour établir l’horizontalité de la première ligne de visée ; or, avec l’instrument connu sous le nom de secteur de dépression (deep sector), avec les cercles ordinaires armés d’un miroir additionnel, on peut voir en même temps, dans la même lunette, dans la même partie du champ, deux mires, situées à l’horizon, l’une en avant, l’autre en arrière. Le secteur de dépression apprendra donc à l’observateur, s’élevant graduellement le long du mât, à quel instant son œil arrive au plan horizontal, tangent aux crêtes de deux vagues voisines. C’est là précisément la solution du problème que nous nous étions proposé.

Nous avons supposé qu’on voulait apporter dans cette observation toute l’exactitude que les instruments de marine comportent. L’opération serait plus simple et d’une précision quelquefois suffisante, si l’on se contentait de déterminer, même à l’œil nu, jusqu’à quelle hauteur on peut s’élever le long du mât, sans jamais apercevoir, quand le navire est descendu dans le creux, d’autre vague que la plus voisine de celles qui s’approchent ou s’éloignent. Sous cette forme, l’observation serait à la portée de tout le monde ; elle pourrait donc être faite pendant les plus fortes tempêtes, c’est-à-dire dans les circonstances où l’usage des instruments à réflexion présenterait quelques difficultés, et lorsque d’ailleurs toute autre personne qu’un matelot ne se hasarderait pas peut-être impunément à grimper le long d’un mât. Les dimensions transversales des vagues se déterminent assez bien en les comparant à la longueur du navire qui les sillonne ; leur vitesse, on la mesure par des moyens connus. Nous n’avons donc, en terminant cet article, qu’à signaler de nouveau ces deux sujets de recherches à l’attention de tous les officiers de la marine royale qui font des voyages de circumnavigation.


NOTE 8.

De la Température de la Terre.

— Page 414. —

La terre, sous le rapport de la température, est-elle arrivée à un état permanent ? La solution de cette question capitale semble ne devoir exiger que la comparaison directe, immédiate, des températures moyennes du même lieu, prises à des époques éloignées. Mais en y réfléchissant davantage, en songeant aux effets des circonstances locales,