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notes scientifiques.

NOTE 7.

De la hauteur des Vagues.

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Quelle est la plus grande hauteur des vagues pendant les tempêtes ? Quelle est leur plus grande dimension transversale ? Quelle est leur vitesse de propagation ? Ces trois questions n’ont pas encore été résolues.

La hauteur, on s’est ordinairement contenté de l’estimer. Or, pour montrer combien de simples évaluations peuvent être en erreur ; combien, sur un pareil sujet, l’imagination exerce l’influence, nous dirons que des marins également dignes de confiance, ont donné pour la plus grande hauteur des vagues, les uns cinq mètres, et les autres trente-trois. Aussi, ce que la science réclame aujourd’hui, ce sont, non des aperçus grossiers, mais des mesures réelles dont il soit possible d’apprécier l’exactitude numériquement.

Ces mesures, nous le savons, sont fort difficiles ; cependant les obstacles ne paraissent pas insurmontables, et, en tous cas, la question offre trop d’intérêt pour qu’on doive marchander les efforts que sa solution pourra exiger. Au reste, quelques courtes réflexions pourront guider à la solution du problème.

Supposons un moment que les vagues de l’Océan soient immobiles, pétrifiées ; que ferait-on sur un navire également stationnaire et situé dans le creux d’une des vagues, s’il fallait en mesurer la hauteur réelle, s’il fallait déterminer la distance verticale de la crête et du creux ? Un observateur monterait graduellement le long du mât, et s’arrêterait à l’instant où la ligne visuelle horizontale, partant de son œil, paraîtrait tangente à la crête en question ; la hauteur verticale de l’œil au-dessus de la surface de flottaison du navire, toujours situé, par hypothèse, dans le creux, serait la hauteur cherchée. Eh bien ! cette même opération, il faut essayer de la faire au milieu de tous les mouvements, de tous les désordres d’une tempête.

Sur un navire en repos, tant qu’un observateur ne change pas de place, l’élévation de son œil au-dessus de la mer reste constante et très-facile à trouver. Sur un navire battu par les flots, le roulis et le tangage inclinent les mâts, tantôt d’un côté, tantôt d’un autre. La hauteur de chacun de leurs points, celle des huniers, par exemple, varie sans cesse, et l’officier qui s’y est établi ne peut connaître la valeur de sa coordonnée verticale au moment où il observe, que par le concours d’une seconde personne placée sur le pont et dont la mission est de suivre les mouvements du mât. Quand on borne sa prétention à connaître cette coordonnée, à la précision d’un tiers de mètre, par exemple, le