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voyage autour du monde.

bolt ; Bompland que les déserts impénétrables de l’Amérique ont si longtemps caché à l’Europe savante et attristée ; Bompland qui a consacré tant d’années de son douloureux esclavage à la recherche des richesses botaniques et minéralogiques des grandes Cordillères et des immenses plaines du Paraguay, n’y aurait-il pas de ma part injustice et ingratitude à la fois à ne pas placer son nom à côté de ceux que je viens de citer ?

Puis encore vous voyagez avec les frères Landers, matelots infatigables, amis fermes et dévoués, qui écrivent leurs curieuses relations comme le ferait un paysan du Danube, et qui forcent votre croyance, tant la sincérité perce dans chacune de leurs paroles.

Colnett s’enfonçant au milieu des glaces polaires et ne s’arrêtant que là où les forces humaines succombaient sous la puissance d’un ciel sans soleil et d’une terre sans végétation ; Colnett est encore au-dessus de la haute réputation qu’on lui a faite.

L’Espagne, qui passe presque inaperçue au milieu de toutes les illustrations, nous dénonce enfin Quiros, ardent écumeur, audacieux pilote, s’élançant partout où les flots mugissent, et enrichissant les cartes marines d’un grand nombre de récifs inconnus jusqu’à lui. Quiros a bien mérité du monde entier, qui doit placer son nom célèbre bien près de celui de Cook.

L’Anglais Sébastien Cabot ne doit pas plus être oublié dans cette nomenclature que Quiros, car lui aussi s’est distingué par d’utiles et périlleuses découvertes et des cartes d’une exactitude au-dessus de tout éloge.

Tristan da Cunha a donné Madagascar à l’univers.

Jacques Cartier vit le premier le Canada.

Cortès et Pizarre faisant, celui-ci la conquête du Pérou, découvert par Pérez de La Rua, celui-là, de la Californie, ont placé leurs noms impérissables parmi ceux des grands hommes de cette époque si féconde en merveilles.

Et cet intrépide et savant ingénieur Oxley, qui m’accueillit avec tant de bienveillance à Sidney, et avec lequel je fis, au delà du torrent de Kinkham, une course si pénible, si longue, si hasardeuse ; cet Oxley jeune, infatigable, à qui l’Angleterre est redevable des documents les plus curieux sur l’intérieur de la Nouvelle-Hollande, au delà des montagnes Bleues, jusqu’alors inaccessibles : cet Oxley qui a tracé avec tant de fidélité la direction des courants d’eau et des rivières intérieures de ce vaste continent, dont la source et l’embouchure sont encore ignorées ; cet Oxley qui, dans l’intérêt seul de la science, a bravé tant de périls, étudié tant de peuplades sauvages, ne trouvera-t-il point aussi sa place dans cette honorable nomenclature ?

Mais de tous ces audacieux explorateurs à qui la science géographique doit tant de précieux documents, celui dont on aurait dû recueillir le plus