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AVANT

Quel est l’homme qui, sans y être forcé par son devoir, ose faire le tour du monde, c’est-à-dire sillonner les mers, braver les tempêtes océaniques, changer à chaque instant de climat, affronter les épidémies, traverser des déserts glacés ou torréfiants, et étudier les mœurs des peuplades les plus féroces du globe ?

Je m’adressai cette pressante question quelques jours avant mon départ, et j’y répondis sans hésiter. « C’est celui qui, sans amis sur la terre, sans famille, sans avenir, veut de la gloire ou de l’or à tout prix. »

Et d’abord, y a-t-il de la gloire à faire le tour du monde ? En second lieu, que vous rapporte un tel voyage ?

Je vais vous le dire :

Quant à la gloire, je savais d’avance que je n’avais pas à y prétendre. Quant à la fortune, elle m’était acquise par anticipation, vous allez savoir comment :

J’allai trouver un ministre et je lui dis : « Monseigneur, j’ai un