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voyage autour du monde.

solennels, deux, bambins, vêtus de haillons et le visage couvert d’un masque hideux, sautillaient autour des principaux acteurs, faisaient mille soubresauts, mille folles gambades, et poussaient à l’air des cris et des sifflets éclatants. C’étaient les bouffons de la troupe. Quand les danses de Montézuma furent achevées, quand chacun des acteurs eut baisé la main du monarque qui venait de rétablir parmi eux la paix et l’harmonie, nous fûmes invités au plus joli, au plus coquet divertissement qu’on puisse imaginer. On l’appelle ici la danse du bâton habillé.

C’est un mât lisse, haut de vingt-cinq pieds, du sommet duquel tombent et traînent sur le sol de larges rubans de diverses couleurs. Les acteurs tournent d’abord autour du mât sans toucher aux rubans, puis chacun prend celui qui lui est présenté ; le chef de file part et court avec rapidité, le second suit, puis un troisième, puis un quatrième. Le premier rétrograde et se croise avec les autres ; le cinquième et le sixième s’élancent à leur tour, et tous enfin entourant le mât forment à l’aide de rubans des figures extrêmement originales : c’est une espèce de kaléidoscope que nos théâtres de Paris feraient sagement de montrer à la curiosité publique, ainsi que la danse des bâtons des bons Carolins, si vive, si animée, si pittoresque, et les jeux des cerceaux des danses de Montézuma, dont le dessin seul peut donner une idée à peu près exacte.