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Page:Arago - Souvenirs d’un aveugle, nouv. éd.1840, t.2.djvu/108

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SOUVENIRS D’UN AVEUGLE

à l’aide d’un fil de bananier. Cette patte d’oiseau en cet os est noué fortement à l’extrémité de la baguette ; on l’appuie sur la partie à tatouer, qui est déjà dessinée en rouge ou en noir, et l’on suit ainsi tous les contours en frappant avec une autre baguette sur la première des coups légers et rapides, de sorte que les pointes, en entrant dans la peau, causent une légère irritation sans douleur et une bouffissure qui ne s’en va qu’au bout de quelques heures. Après cela, on frotte assez longtemps la partie dessinée avec une feuille large, amère et pleine de suc, et la figure, qui n’était d’abord que faiblement colorée de rouge, devient d’un bleu foncé, se mariant parfaitement avec la couleur cuivrée des Sandwichiens.

Je l’ai dit, la bizarrerie de ces dessins est une sorte de reflet du caractère inconstant, irrésolu et fantasque des naturels ; mais les femmes se distinguent des hommes par une volonté plus décidée : ainsi, chez elles, les rangées de chèvres sont permanentes. Une jeune fille sans chèvres sur le corps serait peut-être déshonorée. Mais après ces animaux, ce qui