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Page:Arago - Souvenirs d’un aveugle, nouv. éd.1840, t.2.djvu/337

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voyage autour du monde.

sement qu’il le put, ce qui, entre nous, ne fut pas fort attrayant, abandonna encore son arme principale, me présenta la pierre polie et bleue, et entama une seconde fois le marché rompu. J’acceptai son offre, il me donna d’abord son casse-tête, je lui remis ensuite l’arme, alors peu dangereuse, et, presque côte à côte, comme deux amis d’enfance, nous nous enfonçâmes dans le bois.

Bientôt quelques huttes en écorces frappèrent nos regards ; nous y allâmes ; elles étaient abandonnées et formaient sans doute le village quelque tribu vagabonde d’indigènes. Ce silence, cette solitude, parurent fort contrarier le Zélandais, qui en témoigna son dépit en enfonçant ces misérables demeures à coups de pied et de casse-tête. Je le laissai faire, car le dégât pouvait aisément se réparer en moins d’une heure ; l’édification d’un village ne coûte pas plus que cela dans ce pays.

Mais un bruit que je n’entendis pas d’abord fixa l’attention de mon fougueux compagnon de voyage, auprès duquel j’étais retenu par un double sentiment d’orgueil et de curiosité. Il me fit signe de le suivre, il s’élança d’un pas rapide, et nous nous trouvâmes bientôt près d’un second village plus étendu que le premier, où les huttes étaient au nombre de vingt-trois, dont une quatre fois plus vaste que les autres, et haute de sept à huit pieds.