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Page:Arago - Souvenirs d’un aveugle, nouv. éd.1840, t.2.djvu/46

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SOUVENIRS D’UN AVEUGLE

Après qu’il eut accepté deux tranches de melon d’eau, dont il paraissait très-friand, nous le priâmes de nous indiquer avec du maïs, comme il l’avait fait la veille pour les étoiles, le gisement des diverses îles de son archipel. Il comprit à merveille, forma le groupe des Carolines, désigna chaque île par son nom, nous montra celles dont les atterrissages étaient faciles et celles que protégent et défendent de dangereux récifs. En un mot, il fut d’une exactitude admirable, et si, par hasard, il avait commis une erreur, il la rectifiait après réflexion et calcul. Au surplus, ses connaissances nautiques allèrent plus loin : l’intelligent tamor nous parla du vaste Océan Pacifique en homme qui avait puisé à des sources certaines ; mais je me hâte d’ajouter, de crainte que quelque navigateur ne s’y laisse prendre, que les Carolins font remonter leur archipel jusqu’aux Philippines, tandis qu’à Guham on appelle les îles Sandwich Carolines du Nord. Au milieu de ces descriptions toutes rapides, et dont nous ne perdions ni un mot ni un geste, le tamor s’arrêta tout court, et baissa la tête en nous désignant Manille. Et quand nous lui eûmes demandé le