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Page:Arago - Souvenirs d’un aveugle, nouv. éd.1840, t.2.djvu/51

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voyage autour du monde.

Enchanté de mes confidences, le tamor me pria d’accepter un bâton admirablement travaillé, et alla vite transmettre mes paroles rassurantes à ses compatriotes alarmés.

Le soir, quand je les revis, ils m’entourèrent de nouveau et prononcèrent plusieurs fois avec frayeur le mot papou, ce qui me donna à comprendre qu’on les avait déjà épouvantés de l’humeur brutale de ce peuple, et que peut-être aussi quelque pirogue de cette nation, poussée par les vents, aurait abordé aux Carolines. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’on trouve encore des anthropophages sur certaines parties de la côte de la Nouvelle-Guinée.

Les Carolins ont un goût particulier pour les ornements : ils se parent de colliers, de folioles de cocotier tressées avec beaucoup d’art ; ils se font aussi de fort jolis bracelets, et le manteau des tamors est également orné de bandelettes dont le bruissement perpétuel est passablement monotone. Une ceinture faite en papyrus, ou en écorce battue de palmiste ou de bananier, leur couvre les reins, mais les femmes sont absolument nues. Je fis cadeau à la belle reine que je vis à Tinian d’un joli madras : elle