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Page:Arago - Souvenirs d’un aveugle, nouv. éd.1840, t.2.djvu/62

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SOUVENIRS D’UN AVEUGLE

L’abbé de Quélen, pâle, affaibli, se soutenant à peine, sortit d’une tente élevée à la hâte et officia.

Tout l’équipage, debout et le front découvert, se jeta bientôt à genoux et reçut la bénédiction du ministre de Dieu. Le Te Deum fut chanté après la cérémonie et l’on ne songea aux moyens de relever la corvette qu’après avoir remercié le Très-Haut.

Quelques instants après, chacun de nous erra çà et là à travers les bruyères, et le résultat de ce premier coup d’œil fut presque le désespoir.

Je m’étais assis auprès d’une haute dune de sable blanc que le flot battait alors avec nonchalance ; de l’autre côté étaient groupés plusieurs matelots, parmi lesquels je distinguai la voix glapissante de Petit, le timbre sonore de Vial et l’orgue enroué de Marchais. La conversation suivante s’engagea.