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Page:Archives curieuses de l’Histoire de France, série 1, tome 7.djvu/207

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Ce jour de mardi et autres jours suyvans, il y eut peu de huguenots tuez dans Paris, car aussi y en avoit-il peu de demeurez de reste.

Quelques catholiques prindrent la hardiesse de sauver la vie à aucuns de leurs anciens amis et parerts. Entre autres Fervaques la voulut sauver au capitaine Monins, pour lequel il alla prier le Roy, et pour tous ses services passez, de luy donner la vie qu’il luy avoit sauvée jusques à l’heure ; mais ce fut en vain, car le Roy luy commanda de tuer Monins si luy-mesme ne vouloit mourir de la main de Charles. Fervaques eut horreur du faict (quoyqu’il fust fort aspre ennemy des huguenots et qu’il en eust tué et saccagé plusieurs de sa main les jours précédens), pour l’amitié particulière qu’il portoit à Monins : toutefois il fut contraint de descouvrir où il estoit caché, auquel aussitost fut envoyé un tueur qui le dépescha.

Le semblable est avenu à quelques autres huguenots lorsqu’ils cuidoyent estre eschappez.

Le jeudi 28 d’aoust fut célébré dans Paris un jubilé extraordinaire, avec la procession générale, à laquelle le Roy assista, ayant premièrement solicité (mais en vain) le Roy de Navarre par douces parolles et le prince de Condé par menaces de s’y trouver.

Le mesme jour furent publiées des lettres patentes du Roy, par lesquelles ouvertement il déclaroit qu’il ne vouloit plus user de parolles couvertes ny de dissimulations ; que la tuerie des huguenots avoit esté faite par son commandement, à cause d’une maudite conspiration faite par l’amiral contre luy, sa mère, ses frères et autres princes et grands seigneurs de la cour, n’entendant pourtant que les édicts de pacification fussent moins que bien observez, avec tel si toutesfois que les huguenots ne feroyent faire aucuns presches ny assemblées jusques à ce qu’autrement il y fust pourveu.