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Page:Archives curieuses de l’Histoire de France, série 1, tome 7.djvu/208

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Au premier exemplaire desdictes lettres le Roy de Navarre n’y estoit pas compris ; mais sachant bien qu’on tirerait de luy tout le tesmoignage qu’on voudrait, il sembla bon au conseil de l’y nommer.

Ces lettres patentes furent envoyées par courriers exprès à tous les gouverneurs de la France, avec d’autres lettres particulières du Roy de mesme substance, excepté qu’il y estoit adjousté un commandement qu’incontinent les lettres receues les gouverneurs fissent tailler en pièces tous les huguenots que l’on trouverait hors de leurs maisons. Aucuns huguenots, entendans ce mandement, se retournoyent mettre dedans ; les autres, qui ne s’y osoyent fier et se trouvoyent dehors, soudain estoyent tuez, autres prins à rançon ; mais à la fin ceux qui, obéissans au mandement, s’estoyent retirez en leurs maisons, ne furent pas de meilleure condition que les autres. Et toutefois, les gouverneurs ayans receu lesdictes lettres donnoyent à entendre qu’ils ne recerchoyent d’entre les huguenots que les coulpables de ceste dernière conspiration de l’amiral ; que, quant au passé, ils n’y vouloyent pas seulement toucher ny s’en souvenir.

Mais pour ce que peu de jours après il fut adjousté ausdictes lettres que les prisonniers fussent délivrez et que nul ne fust fait doresnavant prisonnier, excepté ceux qui, ès guerres civiles de la France, avoyent eu quelque charge pour les huguenots, manié affaires, ou autrement en avoyent eu intelligence, desquels si aucun estoit pris, on l’eust à remettre entre les mains du gouverneur de la ville ou du pays, qui entendrait du Roy ce qu’il luy plairait d’en ordonner, et toutefois on voyoit que les prisonniers n’estoyent point délivrez, ains tous les jours en emprisonnoit-on de nouveaux, plusieurs d’entre lesdicts huguenots, moins crédules que les autres, ont pensé