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Page:Archives curieuses de l’Histoire de France, série 1, tome 7.djvu/212

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sa main propre, bien cachetée, luy deffendant ; par une autre lettre qu’il receut la première, de ne point ouvrir ceste-là jusques au 24 d’aoust. Or, les mots de la lettre que Strossy ouvrit le 24 d’aoust estoyent :

« Strossy, je vous avertis que, ce jourd’huy 24 d’aoust, l’amiral et tous les huguenots qui estoyent ici avec luy ont esté tuez ; partant, avisez diligemment à vous rendre maistre de La Rochelle, et faites aux huguenots qui vous tomberont entre les mains le mesme que nous avons fait à ceux-cy. Gardez-vous bien d’y faire faute, d’autant que craignez de déplaire au Roy, monsieur mon fils, et à moy.

« Et au-dessous, Catherine. »

J’avoy bien tousjours creu que l’armée de Strossy n’estoit pas près de La Rochelle pour néant, et que les soldats qui estoyent à l’entour par mer et par terre, mangeans, forçans et pillans le bonhomme, ne taschoyent qu’à se rendre plus forts dans La Rochelle pour la surprendre et y mener les mains basses, et sçavoy bien qu’ils y avoyent failli deux ou trois fois ; voire mesme j’ay bien sceu que, le jour du massacre fait à Paris, il estoit entré dans La Rochelle plus de deux cens soldats de Strossy, avec armes, faisans semblant de faire racoustrer leurs harquebouses ou d’acheter quelques vivres et munitions ; lesquels, pour quelque frayeur qui les surprit, craignans que ceux de La Rochelle (jaloux des privilèges et libériez de leur ville qui les exemptent de garnison) ne se doutassent des desseins de Strossy, s’enfuyrent en tapinois tout bellement hors de la ville ; mais je n’avoy encores rien sceu de ceste lettre. Je n’ay garde d’oublier à la mettre en mes mémoires. Voilà de merveilleux traicts. On a raison de dire qu’il y a eu conjuration, mais ç’a esté contre les huguenots. Povres misérables ! il faut bien dire que la déli-