vrance de ceux qui sont demeurez de reste est miraculeuse, ayans esté si subtilement trahis.
Mais, pour retourner à eux, outre ceux qui se sont retirez ès villes et lieux de seureté, il y en a d’autres qui ne s’y sont pas retirez, ou pour ce qu’ils n’ont peu, ou pour ce qu’ils n’ont voulu ou osé s’y retirer.
De eeux-cy, les uns (mais en petit nombre) se tienent coyset couverts en leurs maisons, et, sans aller ny à messe ny à matines, prient Dieu un chacun chez soy, bien secrètement toutefois, de peur d’estre surpris, attendans qu’on les accommode (c’est le mot dont usent les tueurs).
Les autres s’en vont à la messe de gayeté de cœur, et, comme à l’envy l’un de l’autre, blasphèment, despitent et renient mille fois le jour, pour monstrer qu’ils n’en sont plus, faisans en tout le surplus des vilenies et des maux plus que je n’en sauroy réciter. Une grande partie de ceux-cy porte les armes contre les autres huguenots, mais le Roy ne s’y fie pas beaucoup. Et les autres vont aussi à la messe, mais contre leur gré et par force, comme il est aisé à juger à leur mine et contenance, tant ils sont abbatus et contristez, et si n’osent bonnement parler l’un à l’autre ny se laisser rencontrer par les rues ou en leurs maisons deux à la fois. J’estime que c’est de ceux-cy desquels le Roy parle quand il dit que, par la mort-Dieu, la messe ne les sauvera pas, et possible entend-il aussi parler des autres qui monstrent d’y aller de plain gré et par despit.
Mais voyons le traict qu’a faict Monsieur, frère du Roy, et la Royne sa mère, en ceste tragédie de Paris. Le samedi au soir, devant le dimanche du massacre, ils vindrent tous deux trouver le Roy ; ils lui remonstrent, ils le prient qu’il haste l’exécution de leur entreprise. Ils sçavoyent bien que si ceste occasion se perdoit, qu’ils ne la recouvreroyent jamais telle comme ils l’avoyent lors sur