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Page:Archives curieuses de l’Histoire de France, série 1, tome 7.djvu/214

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les huguenots ; qu’ils les tenoyent tous dans le filé qu’il leur avoit promis ; que le moyen que ils avoyent tant de fois tenté (mais en vain) de les exterminer estoit tout prest et présent ; qu’il ne falloit donc plus songer, qu’il estoit temps de s’en résoudre ; que le Roy d’Espagne (si les affaires du prince d’Orenge alloyent mal, comme ils sembloyent décliner depuis la routte de Genlis) scauroit bien tout à temps se venger sur la France du mal qu’il avoit receu par son moyen et support en ses Estats du Pays-Bas ; partant, le supplioyent qu’il y fist mettre la main à bon escient et soudainement, dès ce soir-là sans plus tarder ; qu’ils avoyent donné ordre, avec le duc de Guy se, le duc d’Aumale, le duc de Nevers et le comte de Rets, que toutes choses fussent prestes et disposées.

Que si le Roy vouloit retarder plus longuement l’exécution, la Royne, sa mère, le prioit avec larmes, et son frère fort affectueusement, de leur donner congé en récompense des services qu’ils luy avoyent faits ; qu’ils estoyent résolus de se retirer hors de France et de s’en aller en part où ils n’en ouyssent jamais parler.

Par ceste chaude alarme, ils esmeurent si bien le Roy qu’il fut contraint de s’accorder qu’on exécutast dès la nuict mesmes ce qu’il avoit désigné de différer encore, pour voir cependant le train que prendroit son espérance de Flandres, par le service que les huguenots luy feroyeut en ce pays-là. Je vous laisse à penser quel traict la mère fit en cela pour son fils bien-aimé, contre le bien de celuy qui piéca l’avoit despitée et qu’elle n’aime que bien peu dès quelque temps. En luy faisant pratiquer une des leçons de Machiavelli, qui est de ne garder aucune foy qu’autant qu’on la cuidera tourner à son advantage, elle luy a fait rompre l’autre (que Denys de Sicile entendoit mieux), entretenant près de soy le plus meschant homme