Page:Archives curieuses de l’Histoire de France, série 1, tome 7.djvu/215

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du monde, sur qui le peuple, voulant recouvrer sa liberté, peust vomir toute sa cholère. Et par mesnie moyen la mère ayant attiré l’ire de Dieu et des hommes sur l’aisné de ses enfans, elle a armé le m’aisné d’une grande et puissante armée, qui luy est venue entre les mains, comme lieutenant-général, sous couleur de vouloir raser les huguenots de dessus la terre. À vostre advis, est-il maintenant à cheval ? A-il beau moyen d’accomplir ses desseins, luy qui de si long-temps abboye à la couronne ?

Après la mort de l’amiral et le massacre fait sur les huguenots dans Paris le 24 d’aoust, le 26 ensuyvant le Roy (comme je vous ay dit) alla au Palais de Paris, et là séant advoua tout le massacre avoir esté fait par son advis et propre mouvement, commandant que l’on informast de la conspiration qu’il avoit fait mettre à sus à l’amiral, avec les tesmoins qui seroyent trouvez les plus propres. Ce commandement et arrest fait, la cour de Parlement (après avoir dit que le Roy avoit bien et vertueusement fait en faisant meurtrir les huguenots) députa commissaires, fit informer parmi les tueurs, forma le procès au meurtri, et pareillement à Briquemaut et à Cavagnes (qui furent faits prisonniers en ces jours-là de massacre, et réservez pour servir de bonne couverture à quelque solennelle exécution, qu’il leur sembloit devoir estre faite par les voyes de justice ordinaires). Il s’ensuy vit enfin arrest, par lequel (veues par la chambre, ordonnées par le Roy en temps de vacations, les informations faites après la mort, interrogatoires, confessions et dénégations de quelques prisonniers, et les autres papiers qu’ils voulurent dire avoir veus) ledict amiral fut déclaré avoir esté crimineux de lèse-majesté, perturbateur et violateur de paix, ennemy de repos, tranquillité et seureté publique, chef principal, autheur et conducteur de ladicte conspiration, faicte