Page:Archives israelites 13.djvu/370

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564 ncntus décideraient à destiner leurs fils à cette carrière. Mais la cause I que nous avons indiquée comme transitoire est celle-ci : Pendant longtemps, nos jeunes rabbins étaient préparés à la prédication d'une manière vicieuse et incomplète. Sans connaissance des vrais principes de la rhétorique, u’entendant jamais de prédication, ils apprenaientpar cœur des morceaux de Bossuet, de Flécliier, de Bourdaloue,de Massillon.S’ilsentendaientquelquefoisundiscours, c’était quelque plaidoyer en cour d'assises dont l’él0quence diffère tantde celle de la chaire. Dc là , ces cris, ces gestes, qui dé- ` parent les meilleurs discours de plus d`un jeune rabbin. Au reste, ce n’est pas dans la synagogue seule que les bons prédica- teurs sont rares. L’Eglise catholique n’est aussi fière de ses grands orateurs que parce qu’ils sont clair-semés: Le protestantisme non plus ne les compte pas par douzaines; et si l’abbé Maury a con- · sacré un traité volumineux à l`éloquence de la chaire, c‘est que cette éloquence est très-difficile à acquérir. Cependant la prédi- cation israélite a produit davantage en Allemagne; pourquoi? d‘a- .bord, là il u’y a pas deux prononciations; quand on a étudié à fond la langue de Schiller et de Goëthe, on la prononce bien: et puis, dans les pays protestants surtout, il n'est pas rare que des israélites entendent le sermon du pasteur quand c‘est un orateur qui insiste plus sur la morale que sur le dogme; il y a de bons re- cueils de' sermons qu’on étudie avec fruit. Dans ces derniers temps, on a remédié à une partie de ces in- convénients. Les élèves de l’école rabbinique font un cours de rhétorique et de philosophie; on a , depuis peu, confié l’ensei- l gnement de la théologie proprement dite à un jeune professeur instruit. Tout porte donc à penser que désormais les sermons se- ront vraiment israélites, et non pas, comme cela arrive souvent, cousus de lambeaux hétérogènes. a Tout orateur qui a des idées à lui, dit l’abbé Maury (Essai » sur Féloquencé dela chaire, t. im', p. 17), des idées originales, n aura des plans neufs et frappants, sans se proposer jamais d’é— » tonner, et par le simple besoin de marquer le but vers lequel n l’appelle son génie. » Un orateur israélite, nourri dela lecture de la Bible et des Mi- draschim, ayant de l'esprit et de |’indépcndance, possédant une Digitized ny Google t