Page:Ardel - Coeur de sceptique.pdf/260

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vers son bureau… Le travail seul était capable d’engourdir un peu cette âpre douleur qu’il éprouvait ; rassemblant toute sa volonté, il s’assit, résolu à écrire ; mais c’était son propre cœur qu’il scrutait, l’interrogeant sans pitié, l’obligeant à confesser le découragement, l’amertume affreuse dont il était envahi.

Vainement aussi, il s’efforçait d’oublier Lilian telle qui l’avait connue. Il la revoyait durant les promenades, alors qu’elle marchait auprès de lui de son pas vif, léger comme un vol d’oiseau ; il la revoyait, grave et recueillie, dans la petite église de Vevey ; puis, dans le salon de l’hôtel, assise à sa place favorite, près d’une fenêtre, sa tête blonde un peu levée vers lui, l’interrogeant de son regard charmant. Mais surtout, avec une ténacité obsédante, il l’apercevait au