Page:Ardel - Coeur de sceptique.pdf/53

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courtoisie devenant obligatoire alors, je laisse l’invasion s’accomplir. Le wagon s’emplit d’un bruissement de soie, d’un parfum de violettes, et une voix jeune s’écrie avec un léger accent anglais :

— Dieu, qu’il fait noir ici !

Et avant que j’aie pu tenter le moindre mouvement dans ce sens, une main impatiente a relevé le store qui voilait la lumière ; et, tandis que le train s’ébranle, je distingue, à la flamme vacillante et timide de notre lampe, l’ovale fin et les cheveux blonds d’une jeune femme ou jeune fille encore debout. Sa compagne qui, selon les apparences, pourrait être sa mère, est déjà installée dans le wagon. D’ailleurs, elle-même est bientôt blottie dans le « coin » qu’elle a adopté ; sa petite toque a été prestement jetée dans le filet et remplacée par