cette sensibilité dont il a fait preuve dans son ouvrage.
En effet, Moreau de Saint-Méry s’est réuni aux autres colons du club Massiac, à Paris, et aux membres de la députation coloniale, pour s’opposer aux démarches que faisaient, auprès de l’assemblée nationale constituante, les commissaires des affranchis, dans le but d’obtenir leur assimilation aux blancs, comme le voulait le code noir. Dans le bureau de la députation particulière de Saint-Domingue, en 1789, il a protesté contre l’imputation qui lui avait été faite, de s’être montré favorable à l’abolition de la traite et à l’affranchissement des esclaves, en faisant remarquer qu’il n’avait pas fait la motion, même pour améliorer leur sort. Il s’est fait ensuite un mérite d’avoir réfuté le plaidoyer de l’abbé Grégoire en faveur de l’admission des gens de couleur à l’assemblée nationale ; il a encore publiée des écrits contre la société des Amis des noirs, dans le même but.
Eh bien ! que prouve cette conduite indigne d’un homme éclairé ?
C’est que les colons, créoles ou Européens, comme nous l’avons dit, ont toujours été les persécuteurs de la race noire, les provocateurs des actes de la métropole par lesquels la condition malheureuse de cette race s’est de plus en plus aggravée.
Moreau de Saint-Méry était créole et député de la Martinique, membre du conseil supérieur de Saint-Domingue, propriétaire dans ces deux îles, par conséquent colon, l’un de ces privilégiés de la peau[1] qui,
- ↑ Dans l’avertissement mis en tête d’une adresse de la société des Amis des noirs à l’assemblée nationale, en date du 4 avril 1791, Clavière, membre de cette société, dit :
« Nous dévoilerons complétement ce colon (Moreau de Saint-Méry) dont les