Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 10.djvu/140

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Et qu’avait donc fait M. Molien, en 1829, lorsque par le projet de convention de cette année, il consentit à ce que l’indemnité fût payée en Haïti, « en rescriptions sur les douanes et au pair de la gourde haïtienne, » et de plus, « à la cessation des demi-droits à l’entrée, à partir du 1er janvier 1831 ? » Le consul-général n’avait agi ainsi que par un haut sentiment d’équité, et l’on peut dire encore, par une bienveillance marquée en faveur du pays où il exerçait ses importantes fonctions ; car il savait que le pays était pauvre, qu’il y avait des embarras de toute nature, et que cependant le gouvernement haïtien avait à cœur de remplir ses engagemens.

Et après ces précédens, après que le gouvernement eut fait mettre à exécution sa résolution hautement manifestée de faire cesser les demi-droits à l’entrée, son agent consentit à un article secret du traité financier, par lequel il serait tenu de faire restituer les droits qui avaient été perçus en sus ! Qu’il y serait contraint « avant l’échange des ratifications de ce traité !… » En cédant à une telle clause, qui aurait été une humiliation pour le gouvernement, M. Saint-Macary n’avait pas seulement de l’engouement ; il était sans doute en proie à la nostalgie après un séjour d’une année en France ; car il n’ignorait pas les sentimens personnels de Boyer et l’état de l’opinion publique en Haïti.

Ce n’est pas tout. Dans le traité de commerce, il consentit encore à accorder aux Français le droit « de commercer en Haïti, tant en gros qu’en détail,  » lorsqu’il savait que les lois du pays réservaient ce privilège pour les Haïtiens, et qu’elles n’accordaient aux étrangers de toutes les nations que le commerce de consignation. Qu’importait la clause de la réciprocité en faveur des Haïtiens, en France ? M. Saint-Macary ne pouvait-il pas concevoir que c’était là une sti-