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de la convention nationale rendre compte de sa conduite.

En recevant cet arrêté, Galbaud écrivit un billet, le 13 juin, où il promettait aux commissaires civils de s’embarquer le même jour : ce qu’il fît en effet.


Un très-grand nombre de navires de guerre et du commerce se trouvaient dans le port du Cap à cette époque : deux contre-amiraux s’y trouvaient également, Cambis qui avait le commandement comme plus ancien, et Sercey. Le premier s’était toujours conduit avec impartialité dans les troubles de la colonie, tandis que l’autre, étant aux Cayes, avait pris parti avec les blancs contre les hommes de couleur du Sud et y avait entraîné les équipages sous ses ordres. Tous ces navires de l’Etat se trouvant dans la colonie depuis 1790 ou 1791, leurs équipages, en général, s’étaient plus ou moins mêlés aux agitations populaires des ports où ils se trouvaient accidentellement : étant d’ailleurs dans la même position sociale que la classe des petits blancs, acharnée contre celle des mulâtres, c’eût été un phénomène qu’ils n’eussent pas partagé sa haine pour eux. À ces causes naturelles, susceptibles d’introduire l’indiscipline dans les rangs des équipages, se joignaient des privations auxquelles ils étaient en proie : plus de deux années de solde leur étaient dues ; l’insubordination était à son comble, et les officiers ne pouvaient la comprimer.

C’est dans de telles dispositions de la part de ces marins, déjà activement travaillés à la révolte, par les colons déportés par les commissaires civils de divers lieux de la colonie, mais se trouvant tous réunis sur des navires dans la rade du Cap, que César Galbaud et son frère le général se présentèrent en quelque sorte comme des