Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/183

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et arrêté contre toutes les lois ; il était en parlementaire chargé de lire aux hommes que vous avez si indignement égarés, le vœu de la commission civile. Votre frère, au contraire, a été arrêté et désarmé à la tête de ces mêmes hommes dirigeant sur nous leur trop coupable fureur : il n’y a aucune comparaison à faire entre ces deux hommes ; l’honneur de la République ne nous permet pas d’accepter cet échange : il nous en coûte sans doute pour faire taire la voix de la nature et du sang ; mais notre devoir ne souffre aucune considération. »

Que doit-on le plus admirer, ou du stoïcisme républicain de Polvérel, ou de la fermeté de Sonthonax, ou de l’offre généreuse de ces mulâtres et nègres libres de se substituer à la place de Polvérel fils ?

Citons aussi l’appréciation de la noble conduite de Polvérel, par la commission des colonies, après sa mort. Le rapport de Garran est trop peu connu dans notre pays, pour que nous craignions d’en reproduire tout ce qui, dans cet ouvrage, est propre à former, à éclairer le jugement de notre postérité sur les faits révolutionnaires qui s’y sont passés.


« Dans l’impossibilité d’avilir des sentimens si généreux, dit Garran, on a voulu du moins les rendre haïssables. Ces mêmes colons qui trouvaient si simple de laisser dans l’esclavage les femmes qui partageaient leur lit, ainsi que le fruit de leurs licencieuses unions, qui voyaient maltraiter de sang-froid, mutiler et dévouer quelquefois à la mort des êtres qui leur tenaient par des liens si sacrés, qui peut-être ont commis eux-mêmes une partie de ces cruautés, ont présenté le refus de