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privés, ces deux commissaires étaient mus par des principes libéraux, par des idées généreuses. Nous avons cité deux lettres de Sonthonax qui le prouvent.

Nous remarquons encore, par la comparaison des deux systèmes de Polvérel et de Sonthonax, que celui de ce dernier prêtait davantage au maintien des cultivateurs émancipés de l’esclavage, sur les habitations des propriétaires auxquels ils avaient appartenu. Aussi Dufay dit-il à la convention nationale, en expliquant les mesures prises par Sonthonax dans le Nord : « Cependant la proclamation, en les déclarant libres, les assujéiit à résidence sur leurs habitations respectives, et les soumet à une discipline sévère en même temps qu’à un travail journalier, moyennant un salaire déterminé ; ils sont, en quelque sorte, comme attachés à la glèbe.

Ce système, nous l’avons dit, fut suivi à leur égard par tous les chefs, par tous les gouvernemens, jusqu’à Pétion qui, dans la République d’Haïti, les émancipa de cette servitude de la glèbe.


La proclamation de Polvérel, du 27 août, malgré le grand nombre d’esclaves appelés à la liberté, malgré le partage ordonné de certaines propriétés entre eux, ne produisit pas le même enthousiasme que celle de Sonthonax, du 29 août. C’est que le premier n’employa pas les mêmes moyens que son collègue qui en fît le sujet d’une grande cérémonie au Cap, et qui envoya dans toutes les paroisses des agens qui la renouvelèrent partout. D’ailleurs, Sonthonax, jeune, bouillant d’ardeur en tout ce qu’il faisait, communiquait facilement le feu de son enthousiasme républicain. Polvérel, au contraire, déjà au milieu de la carrière de la vie, était froid, grave, et n’avait